En juillet 2022, Nicolas Doze a reçu Romain LEGER, Directeur Général de Juxta, sur le thème des centres de santé digitalisés dans l'émission JMLECO de BFM. Digitalisation, intelligence artificielle, enjeux réglementaires, Ségur de la santé...
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Nicolas Doze
Romain LEGER, bonjour, vous êtes le Directeur Général de Juxta, éditeur du logiciel Desmos dédié aux centres de santé. Il y a plus de 2 600 centres de santé en France, ce sont des lieux particuliers qui offrent plusieurs spécialités, mais également le tiers payant intégral au patient, et c'est un point important de votre activité. Ces centres de santé accueillent 1 Français sur 5 aujourd'hui.
Votre plateforme, c'est du cloud, ça fait absolument tout, les rendez-vous, la télémédecine, la facturation, le dossier médical et le fameux tiers payant.
Vous dites que les centres qui sont équipés de Desmos, accueillent 18% de patients en plus. Je me suis demandé comment on pouvait être à 18% en plus ?
Romain Léger
C'est en digitalisant le parcourt du patient de A à Z, que ce soit par le biais d'un portail patient au préalable pour préparer le rendez-vous, pour déposer des documents comme les cartes mutuelles, les documents médicaux... Mais aussi en fluidifiant l'accueil. Dans un centre de santé, il y a beaucoup de patients qui passent tous les jours. L'intérêt est de gérer une fluidité dans la salle d'attente, de la digitaliser, d'offrir un panel de services depuis le logiciel à l'ensemble des agents, que ce soit l'accueil, les assistant.e.s, les praticiens...
Nicolas Doze
En tout cas ça fonctionne parce que 18% de patient en plus !
Alors, il y a plusieurs enjeux, vous mettez en avant l'enjeu financier. Un centre de santé doit être rentable, et vous là, vous vous trouvez devant la problématique des impayés de ce fameux tiers-payant.
Expliquez-moi pourquoi le tiers payant, c'est si complexe, et pourquoi on a besoin d'être accompagné, notamment par Juxta.
Romain Léger
Le tiers payant est complexe au niveau mutuelle. Au niveau sécurité social, c'est aujourd'hui rentré dans les mœurs de chacun, c'est assez codifié. Par contre, au niveau mutuelle, il y a un gros travail : certaines ne prennent pas de flux, il y a encore du papier, il y a de l'envoi par mail... Il y a encore un gros cap de digitalisation à faire auprès des mutuelles, et l'important, c'est de donner un état des lieux complet de ce que l'on télétransmet auprès de l'assurance maladie d'une part, et auprès des mutuelles d'autre part.
Un centre de santé qui gère près de d'un million d'euros de chiffre d'affaires sur une année, 70% de son revenu provient du tiers payant. Donc si vous n'avez pas un outil qui suit précisément le tiers payant, qui digitalise les rapprochements automatiques, qui aide à suivre la trésorerie d'une manière fine et précise, un centre peu vite devenir compliqué à gérer.
Nicolas Doze
Vous expliquez que 99% des factures télétransmises depuis Desmos sont honorés.
Romain Léger
Exactement, c'est un très bon taux.
En fait, le produit guide énormément l'utilisateur du patient, à la facture jusqu'au recouvrement.
Ce qui fait que Desmos permet de gérer une trésorerie d'une manière saine. Si les directeurs de centre suivent le processus, ils auront moins de 1% de rejet sur la facture.
Nicolas Doze
Vous parlez d'enjeux réglementaires, alors ladite moi de quoi il s'agit ?
Romain Léger
Aujourd'hui, il y a beaucoup de labellisations dans notre métier. La sécurité sociale évolue tous les jours. On a eu des actes remboursés grâce à la consultation pendant la covid, il a fallu s'adapter, etc.. Tout cela, ce sont des enjeux réglementaires ou nous devons être up to date très rapidement. Quand vous avez une fiche réglementaire qui passe le lundi, pour une mise en application 15 jours plus tard, il faut suivre, casser la roadmap et s'adapter et être flexible par rapport à cette veille réglementaire. Et 'est situation, nous en avons tous les jours.
Notre intérêt à nous, c'est de proposer ses services à nos clients sans qu'ils ne ce souci de rien, et nous, grâce au cloud, on offre un produit toujours à jour au niveau réglementaire.
Nicolas Doze
Et dans cette logique, vous espérez un label très bientôt qui est le label Ségur ?
Romain Léger
Exactement en plus, nous travaillons aujourd'hui sur le Ségur de la santé.
Dans le monde de l'édition de logiciel, il y a une labellisation qui offre un gage de qualité pour l'ensemble des centres de santé et nous travaillons actuellement sur ce label Ségur de la santé. Nous estimons avoir ce label prochainement.
Nicolas Doze
troisième enjeux, l'enjeu technologique. Solution cloud, sécurité...
Romain Léger
Nous sommes cloud, hébergé chez un hébergeur de données de santé. Il faut respecter des règles très drastiques, hébergé en France.
Il y a des enjeux technologiques comme l'intelligence artificielle qui rentre de plus en plus dans la médecine et qui est très important pour Juxta.
Nous sortons par exemple une innovation avec un partenaire dans le monde du dentaire pour les chirurgiens dentistes permettant de lire la radio dentaire, de mettre une surcouche d'IA afin de décrypter des pathologies potentiellement non vue par les dentistes, ou d'améliorer la décision pour les médecins
Nicolas Doze
L'intelligence artificielle n'enlève pas le rôle du médecin, mais c'est fascinant ce que cela va permettre, ce que ça permet actuellement.
Je me pose une question : Juxta ne participerai t-elle pas à la lutte contre les déserts médicaux d'une certaine manière ?
Romain Léger
Oui, tout à fait, c'est notre volonté, c'est aussi notre raison d'être.
Aujourd'hui, nous avons beaucoup de partenaires, nous avons un réel écosystème. Par exemple des partenaires dans le recrutement de praticiens qui actuellement une douleur en France. Nos clients ouvrant dans des zones dites "désert médical" c'est difficile pour eux d'attirer des praticiens dans ces zones-là. Voici pourquoi nous travaillons avec Coco Recruiting qui forme des praticiens étrangers (Portugal, Espagne...) à la nomenclature française et à l'utilisation de notre produit Desmos.
Nicolas Doze
C'est convainquant ce que vous nous dites.
Il y a 2 600 centres de santé en France, et vous avez 600 clients, il y en a 2 000 qui n'ont rien compris ?
Romain Léger
Non, on ne va pas dire ça. Mais il y en à 2 000 qu'il reste à convaincre pour les emmener dans une nouvelle aire du cloud. Nous sommes la référence sur le marché.
Nicolas Doze
Donc comme dans tous les domaines, on a encore du retard même si tout c'est accéléré à cause de la covid
Romain Léger
Oui, grâce à la covid, nous avons gagné 5 ans en digitalisation dans le domaine de la santé, c'est certain.
Nous avons eu une accélération post covid du nombre de centres qui souhaitent se digitaliser, car c'est rentrer dans les mœurs. Et vous l'avez dit, ceux qui avaient une image old school ont totalement changer en voyant leurs camarades.
Nicolas Doze
Il y a pas mal d'innovation que vous avez engagé comme l'intelligence artificielle, mais le temps passé en salle d'attente ? Comment vous pouvez réduire le temps d'attente grâce à votre logiciel ?
Romain Léger
C'est très complexe. En effet, il y a un gros rapport humain qu'on ne maitrise pas non plus. Mais nous avons mis plus d'outils en place : timeline, alerte sur un temps de retard potentiel) pour avertir les patients en salle d'attente, et nous avons développé un portail patient.
On s'aperçoit qu'attendre en salle s'attente pour une personne active, c'est pénible. L'idée est de diminuer les actions pré-rendez-vous : donner la carte vitale, remplir le questionnaire médical.
Le portail patient crée une relation supplémentaire entre le praticien et le patient qui est fondamental aujourd'hui, et réduit le temps d'attente en salle d'attente grâce à de multiples fonctionnalités réduisant les tâches administratives.
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